
Depuis sept ans, Christian s’occupe de son épouse atteinte d’Alzheimer. Entre adaptation et sacrifices, il raconte son quotidien bouleversé.
À 77 ans, Christian a vu son quotidien basculer. Depuis sept ans, il accompagne son épouse atteinte de la maladie d’Alzheimer, transformant leur maison en un espace où tout est pensé pour l’aider à ne pas perdre ses repères. Sur la petite table du salon, juste devant la télévision où elle s’assied souvent, des post-it s’empilent. “Je note tout ce qui est prévu pour les prochains jours”. Un effort constant qu’il fait pour maintenir un semblant d’ordre face à la mémoire qui s’efface peu à peu.
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“Je n’étais pas vraiment préparé”, confie-t-il. “Alzheimer, rien que le mot fait peur.” Pendant 64 ans, il a partagé une complicité sans faille avec son épouse. Une vie de gestes simples, de souvenirs partagés, d’évidence. Et puis, un jour, elle ne s’est plus souvenue. Au début, ce n’était que des oublis. Puis elle ne savait plus où elle avait rangé les choses, ce qu’elle venait de dire… La maladie s’est installée dans leur quotidien.
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“On s’est connus dans les années 60, juste avant que je parte en Algérie pour le service militaire. Pendant deux ans, on s’écrivait. Maintenant, on est arrière-grands-parents. Les enfants appellent deux ou trois fois par semaine”, se remémore-t-il. Mais les souvenirs d’autrefois sont désormais seulement les siens.
Christian doit désormais s’occuper de tout
Avant que la maladie ne prenne le dessus, Christian menait une vie bien remplie. “J’ai eu pas mal d’activités, notamment à la SNCF. J’étais formateur, je faisais le tour de la France pour apprendre aux agents à utiliser les nouveaux systèmes de réservation électronique.” Il était toujours en mouvement, rarement à la maison. “J’ai aussi été au comité départemental de la randonnée pédestre, j’étais très impliqué dans l’automobile. Pendant dix ans, j’étais pris ailleurs.
” Son épouse compensait ses absences à sa manière. “L’alcool lui tenait compagnie, c’est ça qui lui a flingué les neurones. On est allés à Purpan pour une ponction lombaire et là, ils ont su : c’était Alzheimer.”
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Depuis, Christian a dû réapprendre à vivre avec une présence devenue une absence. Aujourd’hui, il s’occupe de tout. Il gère les courses, la cuisine, l’organisation de la maison. Une tâche à laquelle il n’était pas préparé. “Avant, elle était un as des fourneaux. C’est elle qui faisait tout. Les amis venaient à la maison, on mangeait des moules farcies, des sèches farcies. Maintenant, elle ne sait plus ce qu’est une poêle.” C’est lui qui s’occupe des courses, pendant qu’elle le suit derrière en tenant le chariot, et il achète seulement ce qu’il arrive à cuisiner.
“Il faut accepter la situation”
Le quotidien est rythmé par les visites des infirmières et des aides-soignantes. “Tous les matins, elles viennent pour l’aider à faire sa toilette. Deux fois par semaine, un kiné lui fait des massages pour l’aider à respirer, à cause du tabac.” Quatre heures par semaine, une aide-ménagère l’assiste pour l’entretien de la maison.
Ces aides sont essentielles, mais Christian reste seul face au poids du quotidien. Il a laissé tomber la randonnée, une passion qui l’animait depuis des années. “J’ai arrêté beaucoup d’activités, c’est devenu trop compliqué”, explique-t-il.
Face à la dégradation progressive de son épouse, l’Ariégeois refuse de sombrer. “Il faut accepter la situation, savoir qu’elle va se détériorer et que la situation ne va jamais s’améliorer. Il y a des gens plus malheureux que nous.”
Pour Christian, il s’agit de continuer à avancer : “C’est nous qui devons nous adapter. La maladie, elle, ne fait que progresser.”