Gare à l’effet boomerang pour l’économie américaine. Selon les analystes de Fitch, même si « la consommation soutient la croissance », cette dernière devrait « décélérer en 2025, sous l’effet d’une hausse des droits de douane, d’un ralentissement des investissements et une accélération des dépenses publiques ».
Fitch s’inquiète en particulier du « protectionnisme commercial » qui pourrait être, estime l’agence, « la décision potentiellement avec le plus gros impact pour l’instant sur l’économie américaine ».
« Une hausse marquée des droits de douane américains entraînerait une hausse des prix à la consommation, des coûts de production, représentant un risque significatif de recul de la croissance qui est portée par les dépenses des consommations », a insisté Fitch.
Depuis son retour à la Maison Blanche, le président américain a signé une série de décrets instaurant des droits de douane sur des produits importés de plusieurs pays. Lundi, il a notamment ciblé l’aluminium et l’acier, annonçant une taxe de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada et du Mexique. Il accuse ces deux pays de ne pas faire suffisamment pour lutter contre le trafic de fentanyl, un opioïde responsable d’une grave crise sanitaire aux États-Unis.
Des perspectives« hautement incertaines »pour la Fed
La Chine n’est pas épargnée. Les produits chinois seront frappés d’un droit de douane supplémentaire de 10 %, en complément de ceux déjà en vigueur. Dans le décret signé lundi, Donald Trump a également imposé une taxe de 25 % sur l’acier et l’aluminium entrant aux États-Unis, une mesure qui entrera en vigueur le 12 mars prochain.
Du côté de la Réserve fédérale (Fed), les inquiétudes sont similaires. Le président de la Fed de New York, John Williams, a jugé mardi que les perspectives économiques des États-Unis étaient « hautement incertaines ». S’il n’a pas mentionné directement Donald Trump, par tradition de neutralité politique au sein de l’institution, ses propos font écho aux annonces présidentielles : hausses de droits de douane, baisses d’impôts, réduction des dépenses publiques, dérégulation, expulsions massives de sans-papiers…
« Beaucoup de coûts et beaucoup de chaos »(Ford)
Patron de Ford, Jim Farley a souligné mardi lors d’une conférence financière que les menaces de Donald Trump en matière de tarifs douaniers et son animosité envers les véhicules électriques ont été jusqu’à présent été plutôt source d’une importante « incertitude en matière de politiques ». Selon le patron, le projet présidentiel d’appliquer 25% de droits de douane sur les importations du Mexique et du Canada représente une catastrophe pour les entreprises américaines présentes dans ces pays, tout en provoquant un déséquilibre au profit des constructeurs asiatiques et européens qui importent également aux États-Unis.
« Le président Trump a beaucoup parlé de rendre l’industrie automobile américaine plus forte, de produire davantage ici, d’innover davantage », a-t-il poursuivi, considérant qu’il s’agirait « d’accomplissements marquants ». Mais, « jusqu’à présent, tout ce que nous constatons, ce sont beaucoup de coûts et beaucoup de chaos ».