
BRUXELLES — La clause de défense mutuelle de l’Union européenne (UE) s’applique également à l’espace, a déclaré hier Kaja Kallas, Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, lors de la conférence européenne sur l’espace.
L’article 42, paragraphe 7, du traité sur l’UE impose aux États membres de se porter mutuellement secours si l’un d’eux est « l’objet d’une agression armée sur son territoire ».
Cette clause est l’équivalent pour l’UE de la clause de défense collective de l’article 5 de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et n’a été activée qu’une seule fois par la France en réponse aux attaques terroristes de novembre 2015 à Paris.
La déclaration de Kaja Kallas clarifie l’inclusion, jusqu’alors inconnue, des infrastructures spatiales dans la défense mutuelle européenne. Désormais, les États membres de l’UE devront répondre conjointement aux attaques contre les satellites.
La défense mutuelle est l’une des composantes du futur bouclier spatial européen, a poursuivi Kaja Kallas, faisant référence au projet annoncé cette semaine pour protéger l’Europe dans l’espace.
Le bouclier est destiné à aider l’UE à identifier l’auteur d’une attaque contre un satellite et à fournir des outils pour riposter contre l’attaquant en coopération avec d’autres États membres et, le cas échéant, avec l’alliance militaire de l’OTAN.
Les satellites européens sont de plus en plus souvent la cible de la Russie par le biais de cyberattaques, d’attaques de brouillage et d’usurpation, qui empêchent temporairement l’accès à leurs fonctions, a déclaré le ministre néerlandais de la Défense, Ruben Brekelmans.
La Russie utilise également des missiles antisatellites, qui peuvent détruire définitivement des satellites en orbite.
Bien que les cyberattaques puissent sembler très éloignées de la vie quotidienne, les satellites sont essentiels pour des fins civiles et militaires.
Le système de positionnement Galileo de l’UE par exemple, permet une navigation par satellite extrêmement précise, utilisée par plus de 2,5 milliards d’appareils dans le monde.
La constellation Copernicus quant à lui, fournit des images satellite utilisées pour les services météorologiques, le suivi du changement climatique et les interventions en cas de catastrophe.
L’infrastructure spatiale est également essentielle pour de nombreuses opérations militaires modernes, a souligné le commandant de la force spatiale italienne, le général Francesco Vestito.
L’imagerie satellitaire est utilisée pour la collecte de renseignements, et les systèmes de navigation sont tout aussi essentiels pour les mouvements de troupes et le ciblage des missiles, a-t-il expliqué. La plupart des communications militaires européennes passent également par les satellites, ce qui les rend particulièrement vulnérables.
Le bouclier spatial et d’autres initiatives, notamment le marché unique de l’espace, visent à aider l’UE à rendre son infrastructure spatiale plus résistante. Ils s’inscrivent dans le cadre d’une initiative européenne plus large visant à améliorer rapidement la défense de l’Europe face aux menaces des acteurs étrangers.
(AB)