
Pour faire face à la concurrence des compagnies extra-européennes, les associations allemande et française de l’aviation veulent l’introduction d’une taxe sur le carburant durable d’aviation (CDA), qui doit être utilisé au départ des aéroports de l’Union européenne (UE).
Les associations allemande et française de l’aviation ont demandé à la Commission européenne d’agir au plus vite contre les « distorsions de concurrence » causées par les nouvelles règles sur les carburants durables.
Depuis 2025, tous les vols au départ d’un aéroport de l’Union européenne (UE) doivent inclure une part progressivement croissante de carburant durable d’aviation (CDA) dans leur kérosène au moment de l’avitaillement.
« Pour l’Allemagne, cela signifie 400 millions d’euros de coûts supplémentaires, sans revenus additionnels », a noté Joachim Lang, directeur général de l’Association allemande de l’aviation (BDL), lors d’un point presse jeudi.
Les associations du secteur estiment que cette mesure pénalise injustement les compagnies aériennes européennes qui effectuent des vols long-courriers, par rapport à leurs concurrents de Turquie ou des pays du Golfe.
Un vol d’Air France reliant Paris à Pékin, par exemple, devrait s’approvisionner en CDA pour l’ensemble du trajet.
En revanche, une compagnie aérienne d’un pays du Golfe assurant la même liaison ne doit s’approvisionner en CDA que pour le vol entre Paris et sa base au Proche-Orient. Le second vol entre le Proche-Orient et Pékin ne nécessiterait pas une réserve supplémentaire en CDA.
Pour remédier à ces distorsions, la BDL allemande et la Fédération nationale de l’aviation et de ses Métiers (FNAM) basée à Paris, suggèrent un « impôt sur les CDA » sur tous les billets d’avion, en fonction de la destination finale du passager et indépendamment du fait qu’il s’agisse d’un vol direct ou d’une correspondance en Turquie ou dans un pays du Golfe.
Les deux organisations professionnelles proposent également une surtaxe sur les billets pour les voyages impliquant une escale hors de l’UE.
Dans le cadre de cette proposition, la BDL et la FNAM souhaitent que les gouvernements réduisent ou suppriment les taxes nationales sur l’aviation. « Tous ces éléments combinés rendent les vols en Europe plus coûteux qu’ils ne devraient l’être », a argumenté Joachim Lang.
Selon l’ONG Transport & Environment (T&E) installée à Bruxelles, la question de la compétitivité des compagnies aériennes européennes est « exagérée » et l’approvisionnement en carburant durable d’aviation (CDA) n’augmenterait les prix que de 1,5 à 2 % entre 2025 et 2029.
« Nous n’avons pas besoin de nous laisser emporter par des sonnettes d’alarme », a commenté T&E, ajoutant que les associations « ne fournissaient pas d’analyse de la faisabilité juridique de la mise en œuvre d’une telle taxe sur les CDA ».
(SN et LG)