
VARSOVIE — Les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne (UE) se réunissent ce jeudi dans la capitale polonaise pour des discussions informelles sur les moyens d’accélérer l’expulsion des migrants en situation irrégulière et de renforcer la défense et la sécurité de l’Europe.
L’un des principaux points à l’ordre du jour est le concept flou de « centres de retour » — des installations situées dans des pays tiers qui accueilleraient les migrants en situation irrégulière lorsqu’ils ne peuvent pas être expulsés vers leur pays d’origine. Cette idée est sur la table des discussions de l’UE depuis le mois de mai.
Les gouvernements européens sont soumis à une forte pression pour maîtriser l’immigration. L’UE a révisé sa législation en matière d’immigration en mai, mais débat encore de la manière d’expulser les personnes qui n’ont pas le droit de séjourner légalement dans l’Union.
Les retours forcés sont coûteux et certains pays refusent de reprendre leurs ressortissants déboutés. Cela réduit les incitations pour les migrants en situation irrégulière à accepter le rapatriement volontaire plutôt que l’expulsion, explique un diplomate de l’UE à Euractiv.
« La capacité des États membres à accueillir un grand nombre de migrants est de plus en plus mise à l’épreuve », a écrit le gouvernement polonais aux ministres de l’UE en amont de la réunion, que le ministre de l’Intérieur polonais, Tomasz Siemoniak, présidera.
La Pologne accueille cette réunion parce qu’elle assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l’UE, qui permet aux États membres de présider à tour de rôle, pendant six mois, les discussions et d’établir l’ordre du jour des réunions. La Pologne a succédé à la Hongrie le 1er janvier.
De nouvelles lois sur le retour sont en préparation
La Commission européenne devrait proposer de nouvelles règles en matière de retour en mars, en réponse à une demande unanime des dirigeants de l’UE lors d’un sommet à Bruxelles en octobre dernier. Mais, pour l’instant, rien n’indique que la Commission envisage d’inclure les centres de retour dans le projet de législation.
Selon un diplomate européen, les gouvernements qui soutiennent l’idée des centres de retour ne veulent pas qu’elle soit inscrite dans le projet, car cela obligerait les États membres et le Parlement européen à entamer des négociations difficiles et détaillées sur une idée qui n’en est encore qu’à ses débuts.
Néanmoins, le document diffusé par la Pologne plaide en faveur d’un accord à l’échelle de l’UE sur les centres de retour, au motif que les accords bilatéraux entre les États membres et les pays tiers pourraient affaiblir le pouvoir de négociation de l’UE dans ce type de discussions.
Selon les diplomates, les centres de retour pourraient toutefois contribuer à décourager l’immigration irrégulière et les demandes d’asile injustifiées, et inciter davantage de migrants en situation irrégulière à accepter des accords de retour volontaire.
La réunion à huis clos qui se tient à Varsovie est informelle, ce qui signifie que les ministres ne prendront aucune décision officielle. L’objectif est de leur permettre de débattre librement des idées afin de préparer le terrain pour des accords solides qui seront ensuite discutés au sein du Conseil de l’Union européenne, chambre législative de l’UE représentant les gouvernements nationaux.
Défense et préparation
Outre la question de l’immigration, les ministres discuteront des moyens de renforcer la défense militaire et civile de l’UE. Les discussions s’inspireront du rapport de l’ancien président finlandais Sauli Niinistö, rédigé pour la Commission l’année dernière.
Le rapport Niinistö décrit une approche globale de la « préparation » à toutes sortes de menaces, de l’invasion étrangère aux attaques terroristes, en passant par la guerre cybernétique et les catastrophes naturelles.
Si le renforcement des armées et des industries de défense des pays européens est une priorité depuis que la Russie a lancé son assaut total contre l’Ukraine en 2022, le rapport indique que les gouvernements devraient également préparer les citoyens à faire face à de telles menaces.
« Même l’État le plus performant ne parviendra pas à répondre efficacement à tous les défis sécuritaires si sa population n’en a pas conscience et ne sait pas comment se comporter », affirme le document que la Pologne a envoyé aux ministres en début de semaine.
L’ordre du jour prévoit en outre des discussions sur la question étroitement liée de la sécurité intérieure. Contrairement aux débats sur la « préparation » inspirés par Sauli Niinistö, les discussions sur la sécurité seront plus conventionnelles et porteront sur la manière dont les gouvernements de l’UE doivent lutter contre le terrorisme, le crime organisé et les guerres hybrides.
Les ministres discuteront des principales menaces qui pèsent sur la sécurité, des nouvelles méthodes qu’ils peuvent utiliser pour les combattre et de la manière dont les préoccupations en matière de sécurité devraient influencer les relations avec les pays tiers.
[AM]