L’Espagne, leader de la croissance en zone euro avec 3,2% en 2024
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La croissance économique espagnole a atteint 3,2% en 2024. Elle a été portée par un secteur touristique dynamique, une hausse des exportations et une consommation des ménages en pleine forme, selon une première estimation de l’Institut national des statistiques (INE). Ce chiffre, supérieur aux prévisions du FMI et de la Banque d’Espagne (3,1%), place l’Espagne en tête des économies de la zone euro, contrastant avec la stagnation observée chez ses voisins européens.

La croissance espagnole s’est notamment appuyée sur un quatrième trimestre solide (+0,8%), confirmant la résilience de l’économie du pays face aux incertitudes conjoncturelles. « Nous connaissons un moment économique magnifique, dans un contexte très complexe au niveau européen », avait déclaré mi-janvier le Premier ministre Pedro Sánchez, saluant la progression de l’Espagne après avoir été l’un des pays les plus touchés par la crise du Covid-19.

Le secteur touristique, pilier de l’économie espagnole, a enregistré une année record avec 94 millions de visiteurs étrangers, ce qui a contribué à la croissance des services (+3,9%).

Une« remontada »

L’économie espagnole a résisté « aux vents contraires », dans un contexte de « fortes tensions internationales », observe pour l’AFP Juan Carlos Martínez Lázaro, professeur d’économie à l’IE University de Madrid, qui voit dans ces 3,2% de croissance une forme de « revanche ». Après avoir fortement souffert lors de la crise financière de 2008, l’Espagne avait vu son PIB chuter de 10,8% en 2020 à cause de la pandémie de Covid-19, qui avait mis à l’arrêt son puissant secteur touristique, dont dépendent plus de 13% des emplois dans le pays.

La quatrième économie de la zone euro a depuis remonté la pente, jusqu’à être placée mi-décembre en tête du classement 2024 des économies les plus performantes de l’OCDE par le magazine britannique « The Economist », devant l’Irlande et le Danemark. Selon l’INE, cette « remontada » s’est également traduite l’an dernier par une hausse des exportations, qui ont progressé de 3% en rythme annuel au quatrième trimestre, mais aussi par la consommation des ménages, qui a grimpé de 3,7%, grâce au ralentissement de l’inflation.

Cette dynamique a permis de ramener le taux de chômage espagnol à 10,61% de la population active fin décembre, soit son plus bas niveau depuis 2008. Elle devrait par ailleurs permettre à Madrid de ramener son déficit public sous la barre des 3% du PIB, pour la première fois depuis 2018. Par ailleurs, d’après l’INE, l’Espagne a gagné 1,5 million d’habitants au cours des trois dernières années et frôle désormais les 49 millions d’habitants. Cela a permis de « soutenir la demande intérieure », avec des répercussions positives sur l’ensemble de l’économie, insiste Juan Carlos Martínez Lázaro.

Une performance à contre-courant de l’Europe

Cette performance économique contraste nettement avec celle de la France et de l’Allemagne, les deux poids lourds de la zone euro. Selon la Banque de France, le PIB français est resté stable au quatrième trimestre 2024, freiné par un « contrecoup » post-Jeux olympiques et des carnets de commandes peu remplis dans le bâtiment et l’industrie. La croissance française pour 2025 est désormais attendue à seulement 0,8%.

En Allemagne, la situation est encore plus morose : l’économie, après deux années en légère récession, devrait à peine repasser en territoire positif avec une prévision de croissance de 0,3% en 2025. La première économie européenne subit les effets du ralentissement de la demande chinoise, des tensions commerciales et d’une production industrielle affaiblie.

L’Espagne devrait, elle, conserver une croissance dynamique en 2025, au-dessus des 2,4% anticipés par le gouvernement. « Il y a une force d’inertie qui devrait permettre à l’activité de rester solide », abonde Juan Carlos Martínez Lázaro, qui se dit néanmoins prudent au vu des tensions commerciales internationales et de l’instabilité politique en Espagne, où le gouvernement, faute de majorité, n’a toujours pas présenté de budget pour 2025.

Le ministre de l’Économie, Carlos Cuerpo, a également tenu à relativiser l’impact du tourisme, soulignant l’apport du plan de relance européen et de l’immigration dans la vitalité économique du pays. En dépit d’un contexte européen morose, l’Espagne confirme ainsi sa position de moteur de la croissance en zone euro, soutenue par une économie diversifiée et une politique économique volontariste.

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