
Dans le Lot, les chenilles processionnaires du pin sont encore blotties dans leurs cocons mais ne devraient pas tarder à entamer leurs processions pour s’enterrer. Un moment délicat tant elles sont urticantes. Le Fredon invite à les signaler et donne des conseils.
“Dans le Lot, les processions n’ont pas encore démarré”, observe Clément Baudot, directeur adjoint du Fredon Occitanie. Mais les chenilles processionnaires du pin sont dans les starting-blocks.
Un pic de processions dès ce mois de février
“La période normale de procession, poursuit-il, c’est de novembre à avril avec un pic en mars. Cette année, ce qui pourrait arriver c’est un pic d’activité en février : on a des débuts de procession sur les zones littorales”. Si elles apparaissent aussi tôt, c’est en raison de “la douceur de l’hiver”. Difficile à croire alors que les gelées matinales se succèdent, et pourtant. “Ce froid a peu d’impact du moment que les journées sont assez douces, explique Clément Baudot. Et novembre et décembre ont été plutôt doux : les chenilles ont pu se nourrir suffisamment”.
Les chenilles processionnaires du pin sont issues d’un papillon de nuit qui pond à la belle saison sur le bout des aiguilles. Des larves en sortent qui forment un nid pour se protéger des nuits froides. Les cocons sont ces boules blanches et filandreuses accrochées dans les résineux. Le jour, dès que la température dépasse les 9°, les chenilles en sortent pour manger des aiguilles. C’est pourquoi les nids sont surtout en lisière de forêt, côté sud. “En fin d’hiver, elles vont descendre et s’enfouir sous terre pour se transformer en nymphes et les papillons de nuit sortent au printemps”, explique Clément Baudot. C’est un spectacle singulier que ces longues lignes poilues qui avancent lentement en travers des chemins. Singulier et plutôt dangereux car elles sont urticantes.
Insensibles aux poils, les oiseaux mangent les chenilles
Ces insectes sont identifiés “comme des marqueurs importants du changement climatique. Elles étaient très inféodées à l’arc méditerranéen et on les voit remonter”, poursuit Clément Baudot. Une plate-forme de signalement vient d’ouvrir. Grâce aux informations qu’y donnent les promeneurs, Fredon et ARS peuvent savoir où elles sont présentes et les lieux de rencontres avec les humains pour “mettre en place des actions de lutte aux endroits de contact”.
Installées dans le Lot depuis plus d’une dizaine d’années, elles sont présentes un peu partout. Elles s’installent sur tous les résineux avec une préférence pour le pin. “La population est globalement stable, même s’il peut y avoir des variations d’une année sur l’autre”, observe Clément Baudot. Car l’animal a ses prédateurs : les chauves-souris mangent les papillons, les oiseaux se nourrissent des chenilles. “À eux, elles ne leur posent aucun problème, dit-il, d’ailleurs, les poules les mangent aussi”.
Urticantes
La chenille processionnaire pose problème pour la santé des hommes et des animaux domestiques. “Il suffit qu’on la dérange et elle libère des soies très urticantes jusqu’à plusieurs mètres”, rappelle Clément Baudot. Le risque est encore plus fort au moment des processions. “À cette saison, on encourage les promeneurs à faire attention, à tenir les chiens en laisse pour éviter qu’ils aillent renifler ; à faire attention aux enfants”, poursuit-il. Il faut aussi éviter de toucher aux nids. Enfin, dans les zones particulièrement infestées, le vent peut entraîner des soies alentour.
En cas de contact, il conseille de changer de vêtement le plus vite possible pour éviter les surexpositions. Si on a des symptômes, appeler le médecin ou un centre antipoison ; le 15 ou le 112 en cas d’urgence vitale. Pour les chiens, la rencontre est d’autant plus dangereuse qu’ils touchent les chenilles avec leur truffe ou leur gueule. Ils risquent une nécrose et leur pronostic vital peut être engagé. Contacter un vétérinaire de garde.