“Près de 100 000 Toulousains n’ont pas de médecin traitant” : la Ville rose, plus grand désert médical d’Occitanie, cherche des solutions
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Avec une pénurie de près de 200 médecins généralistes, Toulouse est toujours le plus grand désert médical d’Occitanie. Un nouveau centre de santé vient d’ouvrir avec la promesse de consultations accessibles tous les jours et jusqu’à minuit. Les créneaux se remplissent vite mais est-ce la solution ?

Après Lyon, Grenoble et Marseille, Docariv vient de lancer un nouveau centre médical Doctora en plein cœur de Toulouse. Et sa proposition d’ouvrir des créneaux de consultation, tous les jours, a de quoi séduire les patients dans une zone considérée comme le plus grand désert médical d’Occitanie.

Quatre médecins généralistes, deux femmes et deux hommes, tous salariés, ont été recrutés. Un nombre encore insuffisant pour faire tourner le centre du lundi au dimanche, de 6 heures à minuit, comme annoncé sur le site. Mais l’objectif est fixé et atteignable selon la société Docariv qui a aménagé six salles de consultation dans les 208 m2 de locaux ouverts le 7 janvier dernier rue de Metz et anciennement occupés par une banque. Une secrétaire est présente pour l’accueil des patients, l’administratif et la comptabilité sont gérés au siège de la société, à Lyon.

De nombreux médecins candidats au salariat

“Actuellement, nous pouvons ouvrir certains jours de 8 heures à 22 heures. Mais notre vocation c’est de proposer des créneaux de 6 heures à minuit (en présentiel ou en téléconsultation), 7 jours sur 7 et des visites à domicile d’ici la fin du premier semestre 2025”, affirme Marianne Combe, responsable gestionnaire des centres Docariv. “Nous avons reçu de nombreuses candidatures, Toulouse est une ville attractive. Les médecins que nous recrutons recherchent un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Ils veulent pouvoir choisir leurs horaires et se libérer du travail administratif”, complète-t-elle. Le Dr Alexandre Baudry, un des premiers recrutés et sur un temps partiel de 70 %, confirme. “Je ne veux pas avoir les inconvénients d’une activité libérale”, explique le praticien qui sort de quatre années d’activité de remplaçant à Toulouse. “Les besoins sont là. De nombreux patients sont en errance médicale, sans suivi, dans une impasse totale. Ils viennent au rendez-vous avec tout leur espoir”, explique le médecin généraliste.

Sur le modèle des centres de santé

Le centre de santé Docariv répond à un besoin évident sur un territoire urbain en manque de médecins généralistes. Agréé par l’Agence régionale de santé (ARS Occitanie) qui lui a délivré une autorisation de dispenser des soins, il entre dans la réglementation des centres de santé (articles L6323-1 à L6323-15). “Ce qui signifie que l’ARS, la Caisse primaire d’assurance maladie et le conseil départemental de l’ordre des médecins sont vigilants sur la qualité des soins et le suivi des patients. Un patient reçu en consultation dans un centre de santé doit ensuite être suivi”, indique Isabelle Rédini, directrice départementale Haute-Garonne de l’ARS Occitanie.

Reste à voir comment ce centre, où les rendez-vous se prennent le matin ou la veille, sans visibilité au-delà de 48 heures et avec de nombreuses plages horaires dédiées aux consultations vidéo, peut assurer ce suivi comme le ferait un médecin traitant. Après quelques jours d’ouverture, il est encore trop tôt pour le dire. Mais la formule séduit et dans le désert médical toulousain (le Conseil de l’ordre des médecins de Haute-Garonne estime qu’il manque 200 médecins généralistes), elle trouve sa place, encore plus quand elle propose des solutions en fin de journée ou de dernière minute. “Nous encourageons toute nouvelle installation, à condition qu’elle s’inscrive dans l’offre de soins”, glisse la directrice départementale de l’ARS, Isabelle Rédini.

Une maison de santé à Reynerie, après douze ans de mobilisation

“Il n’y a pas de concurrents, il y a tellement de patients sans médecins ! Près de 100 000 Toulousains n’ont pas de médecin traitant, donc plus il y a de proposition, mieux c’est”, lance le Pr Vincent Bounes, vice-président de la région Occitanie, en charge de la santé. Le Groupement d’Intérêt Public “Ma santé, ma région” a permis l’ouverture de 21 centres de santé en Occitanie, mais, faute d’accord avec la municipalité, aucun n’est en projet sur Toulouse. Dans la métropole, le premier centre de santé porté par la région Occitanie verra le jour à Cugnaux au mois de mai.

Patricia Bez, adjointe au maire de Toulouse en charge de la santé, sait que la problématique de manque de médecin va durer. “La croissance démographique, combinée à un manque de nouveaux praticiens, aggrave les difficultés. Nous travaillons d’arrache-pied pour accompagner les médecins et faciliter leur installation, mais les défis sont nombreux”. À Lafourguette, l’association de quartier appelle à l’aide. En centre-ville, la zone Chalets, Amidonniers, Compans, Arnaud-Bernard, reste toujours sous tension entre un collectif qui réclame des locaux pour accueillir une maison de santé avec des médecins retraités et la mairie de Toulouse qui exige davantage de garanties et un nombre de professionnels suffisant avant de lancer un projet immobilier. La prochaine éclaircie viendra de la Reynerie, où une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) va enfin voir le jour cet été après douze ans d’efforts.

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