Un peu « moins de 23 milliards d’euros ». C’est ce qu’atteindra le déficit de la sécurité sociale en 2025, d’après la ministre du Travail de la Santé et des Solidarité Catherine Vautrin. « Sans budget voté, il atteindrait 30 milliards d’euros », a-t-elle ajouté dans une interview accordée au Parisien samedi. Lundi, l’Assemblée nationale doit s’attaquer à l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025 qui avait fait tomber le gouvernement de Michel Barnier.
« Les socialistes ont été entendus. Nous avons ajouté un milliard d’euros pour les hôpitaux et supprimé les tickets modérateurs (partie des dépenses de santé qui reste à la charge du patient après le remboursement de l’assurance maladie), notamment sur les consultations médicales, pour un coût de 400 millions d’euros », a-t-elle souligné. « Sur les Ehpad, nous proposons de tripler le fonds d’urgence voté à l’initiative du Sénat, en le passant de 100 millions à 300 millions d’euros », a-t-elle ajouté.
Niches sociales et question des retraites
La ministre a aussi expliqué dans son interview que le gouvernement entendait récupérer notamment un milliard d’euros via un texte « qui augmentera la contribution des complémentaires et des mutuelles ». Elle avait annoncé le principe de cette « contribution spécifique » à la mi-janvier.
Catherine Vautrin a également mentionné la suppression de « plusieurs niches sociales inefficientes », pour contribuer à la réduction du déficit, ainsi que des « concertations avec les industriels de certains secteurs » permettant de « peser à la baisse sur les dépenses des médicaments pour l’assurance maladie ».
La ministre a ensuite abordé la question des retraites dans son interview, et plus particulièrement la question de la capitalisation, qui tranche avec le système de répartition, à la base du système. « Aucun sujet n’est tabou », a dit la ministre, en jugeant qu’« il faut que l’on arrête de se faire des films : la capitalisation existe déjà ». « Dans la fonction publique, combien de personnes ont des Préfon ? Qu’en est-il des contrats privés souscrits par les Français ? Il ne faut pas commencer en se mettant des interdits », a-t-elle déclaré.
49.3
Le Premier ministre, François Bayrou, a annoncé samedi à La Tribune Dimanche sa décision de faire usage de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter par l’Assemblée les budgets de l’État et de la Sécurité sociale. « Maintenant, il faut passer sans tarder à l’adoption. Un pays comme le nôtre ne peut pas rester sans budget. Le seul moyen, c’est d’engager la responsabilité du gouvernement. Ce sera fait ce lundi », affirme François Bayrou, espérant que « dans dix jours », la France ait « enfin les budgets indispensables à la vie de la nation ».
L’utilisation du 49.3 par le Premier ministre s’accompagne d’un risque de censure, La France insoumise ayant annoncé le dépôt de motions de censure, que devraient voter les communistes et les écologistes. Le RN et le PS n’ont en revanche pas encore fait connaître leurs intentions. Les regards sont plus particulièrement braqués sur les socialistes, avec qui le gouvernement est engagé depuis plusieurs semaines dans une négociation sur le budget.
L’annonce du Premier ministre intervient, par ailleurs, au lendemain de l’adoption par une Commission mixte paritaire d’une version du budget conciliant les points de vue des représentants de l’Assemblée et du Sénat. Un accord « historique », salue François Bayrou, car « c’est la première fois que des courants politiques de sensibilités différentes acceptent de conclure ensemble sur un projet de budget ».