C’est une première. Le commandant de la mission Polaris Dawn de SpaceX, Jared Isaacman, ainsi qu’une employée de l’entreprise, Sarah Gillis, se sont brièvement aventurés à l’extérieur de leur vaisseau, ce jeudi 12 septembre, lors de ce qui fut la première sortie spatiale privée de l’Histoire.
Sur une retransmission vidéo en direct de l’entreprise, le milliardaire américain a émergé en premier en dehors de la capsule dans sa combinaison blanc et gris, se tenant à une structure métallique installée sur la capsule pour l’occasion. « C’est magnifique », a-t-il déclaré, alors qu’il se trouvait à environ 700 kilomètres d’altitude, soit bien plus haut que la Station spatiale internationale (ISS), qui évolue à 400 kilomètres de hauteur.
Sarah Gillis lui a ensuite succédé, et a également effectué des mouvements pour tester les toutes nouvelles combinaisons de SpaceX, les premières destinées à des sorties spatiales – l’un des principaux objectifs de la mission. Elle est ensuite à son tour retournée à l’intérieur du vaisseau afin de préparer la fermeture de l’écoutille.
À LIRE AUSSI Gwynne Shotwell (Space X) : « Nous irons sur Mars dans moins de 10 ans » Deux autres passagers, le pilote Scott Poteet et l’autre employée de SpaceX Anna Menon, se trouvent également à bord de la capsule Dragon, et sont aussi exposés au vide spatial, alimentés en oxygène via des cordons sur leur combinaison.
Tester de nouvelles combinaisons
Polaris Dawn, la mission financée par SpaceX et Jared Isaacman, marque une nouvelle étape dans l’exploration commerciale de l’espace. Toutes les sorties spatiales avaient jusqu’ici été réalisées par des astronautes professionnels, et non des civils. La mission Polaris Dawn a été lancée sous l’impulsion du milliardaire Jared Isaacman, 41 ans. À noter que l’homme vole toutefois depuis 2004 et avait déjà commandé le premier vol spatial habité privé de l’Histoire en 2021.
Le but de l’opération était de tester les toutes premières combinaisons de l’entreprise d’Elon Musk, destinées au vide spatial, blanches et au look futuriste. Jared Isaacman et Sarah Gillis sont sortis à tour de rôle, durant une quinzaine de minutes chacun. Une fois à l’extérieur de la cabine, ils se sont appuyés sur une structure dénommée Skywalker, placée sur l’avant de la capsule et composée de barres, pour se tenir et effectuer des mouvements. « On donnera un peu l’impression de danser », avait expliqué Jared Isaacman le mois dernier lors d’une conférence de presse.
Les combinaisons sont reliées par des cordons au vaisseau pour les fournir en oxygène notamment. La sortie a duré environ deux heures, soit bien moins que les sorties d’astronautes d’agences gouvernementales à l’extérieur de l’ISS, où ceux-ci effectuent en outre des tâches très techniques. Les quatre membres de l’équipage ont suivi plus de deux ans de formation pour préparer cette mission historique.
Mars en ligne de mire
Malgré tout, compte tenu de l’altitude et des circonstances, « le risque n’est pas de zéro, c’est certain », avait commenté pour l’AFP Sean O’Keefe, ancien patron de la Nasa. « Et il est sans aucun doute plus élevé que tout ce qui a été accompli par le secteur commercial jusqu’ici. »
Depuis la première sortie dite « extravéhiculaire » en 1965, toutes ont jusqu’ici été réalisées par des astronautes professionnels. Les combinaisons des quatre aventuriers sont dérivées de celles déjà utilisées par SpaceX à l’intérieur de ses vaisseaux et ont été améliorées pour pouvoir résister à des températures extrêmes ou améliorer leur mobilité. Elles sont aussi équipées d’une caméra, et des informations sur la pression, la température et l’humidité de la combinaison sont directement affichées dans le casque.
SpaceX souhaite pouvoir en produire « des millions », afin de permettre à l’humanité de devenir une espèce multiplanétaire, son but affiché. « Un jour, quelqu’un pourrait en porter une version sur Mars », c’est donc « un grand honneur » de les tester, a dit Jared Isaacman, patron de l’entreprise financière Shift4.
Plus haut qu’Apollo
La mission a décollé mardi de Floride pour environ cinq jours. Dès le premier jour, la capsule s’est aventurée jusqu’à 1 400 kilomètres d’altitude, soit plus loin que tout équipage depuis les missions lunaires Apollo, il y a plus d’un demi-siècle.
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Au-delà de leur sortie dans l’espace, l’équipage doit également tester les communications laser par satellites entre le vaisseau spatial et la vaste constellation de satellites Starlink. Ils doivent également réaliser une quarantaine d’expériences scientifiques. Polaris Dawn marque une nouvelle étape dans l’exploration commerciale de l’espace, son commandant Jared Isaacman défendant l’utilité des investissements privés pour accélérer la conquête du cosmos.
À LIRE AUSSI SpaceX perd son vaisseau Starship lors d’un vol d’essaiPolaris Dawn inaugure le programme Polaris, annoncé il y a deux ans et demi et qui doit comporter trois missions. Après une deuxième similaire à celle en cours, la troisième doit quant à elle être le premier vol avec équipage de la mégafusée Starship de SpaceX, actuellement en développement et destinée à des voyages vers la Lune et Mars.