L’adoption du budget primitif de Bordeaux a créé des remous sur les bancs de l’opposition de droite et du centre ce 4 février. Notamment sur « la taxe SUV » (sport utility vehicle), dégainée par Pierre Hurmic, le 16 janvier, pour pénaliser les voitures de gros gabarit très prisées par les consommateurs. Le maire écologiste de Bordeaux affirme vouloir améliorer la sécurité routière pour les piétons et cyclistes, réduire la pollution et minimiser les dégradations de la voirie.
La mairie imposera donc une majoration de 30 % des tarifs de stationnement des voitures les plus lourdes en centre-ville.
« La taxation des SUV, vous l’avez décidée seul, sans concerter ni accompagner les Bordelais, sans informer votre conseil municipal. Comme pour l’extinction de l’éclairage public, votre décision est punitive et faussement écologique », attaque le conseiller municipal macroniste Aziz Skalli. L’élu du groupe Renouveau Bordeaux pointe l’impact social sur les familles et habitants de cette augmentation des tarifs et déplore le manque d’accompagnement et de politiques volontaristes.
Pas de taxe pour les 25 véhicules les plus courants
« À aucun moment, notre nouvelle tarification ne concerne ce que l’on appelle des véhicules familiaux classiques. Même s’ils prennent la forme, plus ou moins, d’un SUV ! », répond Pierre Hurmic. Inspirée d’une résolution proposée par la convention citoyenne pour l’urgence climatique de Bordeaux en 2024, la taxe concerne les voitures dépassant 1,6 tonne pour les modèles thermiques, c’est-à-dire ceux déjà concernés par le malus fiscal mis en place par l’État, et 1,9 tonne pour les modèles hybrides et électriques.
Un seuil fixé afin d’avancer par « petits pas » et d’épargner les formats familiaux, selon Didier Jeanjean. Pour l’adjoint en charge de la nature en ville et des quartiers apaisés, les Clio, Peugeot 208, Renault Scenic, C4 Picasso, ou encore Peugeot 3008 hybrides passent ainsi sous les radars de la taxe tout comme les 25 véhicules les plus courants du parc automobile français. « On a anticipé le fait qu’une grosse voiture électrique puisse ne pas être impactée par cette tarification au poids », ajoute-t-il.
Au total, 10 % des Bordelais disposant d’un abonnement de stationnement devraient être concernés par cette majoration qui sera appliquée automatiquement grâce aux plaques d’immatriculation. Les professionnels seront quant à eux exonérés.
Des mesures similaires à Paris, Lyon et Grenoble
« Le maire a souhaité que ce soit une incitation, une forme d’encouragement aux bonnes pratiques. On a donc mis des tarifs sans commune mesure avec les autres villes », l’élu écologiste. À Paris, la taxe SUV triplant les tarifs de stationnement des SUV a été mise en place le 1er octobre 2024 mais elle ne concerne pas les résidents qui se garent dans leur quartier ni les professionnels. Elle se déclenche là aussi à partir de 1,6 tonne pour les moteurs thermiques mais à 2 tonnes pour les électriques et hybrides.
Quant à Lyon, les véhicules les plus lourds paient près de 50 % supplémentaires sur les prix habituels depuis juin 2024, à l’exception des ménages aux revenus modestes et des familles nombreuses. À Grenoble aussi, une tarification spécifique aux SUV est déployée depuis un an dans les parkings de la ville.